Les capacités à se comporter et à interagir efficacement avec autrui font l’objet d’une attention accrue des recruteurs et des managers. Ces compétences douces ou soft skills regroupent des qualités personnelles très diverses, dont certaines peuvent être acquises lors d’activités artistiques (créativité) ou sportive (esprit d’équipe, résistance au stress…). Le bagage technique et la compétence professionnelle restent des pré-requis, tandis que les soft skills constituent un excellent moyen de se démarquer par rapport aux autres candidats.
Egalement nommées compétences douces ou compétences comportementales, les soft skills sont désormais omniprésentes dans les annonces de recrutement, les CV, les parcours de formation et les évaluations des collaborateurs… Les diplômes et les connaissances techniques ne représentent plus l’alpha et l’omega des ressources humaines. Mais qu’entend-on exactement par soft skills ? Est-il possible de les lister précisément et se répartissent-elles différemment selon les générations ?
Comment définir les soft skills ?
Il n’existe pas de définition ou de traduction unique pour les soft skills. Le dictionnaire d’Oxford les désigne comme des « attributs personnels qui permettent à quelqu’un d’interagir efficacement et harmonieusement avec d’autres personnes.» Par définition, les soft skills s’opposent donc aux hard skills, les compétences purement techniques et académiques.
Caroline Vène[1] est directrice pédagogique des programmes Leadership et transformation du département Executive Education de CentraleSupélec Exed et associée fondatrice d’une start-up spécialisée dans la formation des managers à l’intelligence collective. Elle partage sa définition :
« Les soft skills se définissent comme les capacités à se comporter et à être compte-tenu de la situation. Ces compétences comportementales constituent donc la partie visible de chaque personnalité et sont mobilisées différemment selon l’environnement de travail et la situation. En partie innées, elles peuvent aussi avoir été développées ou acquises dans la sphère extra-scolaire, lors de pratiques artistiques ou sportives par exemple. »
Caroline Vène
Quelles sont les principales soft skills ?
Selon la dernière étude Future of Jobs publiée en 2018 par le Forum Économique Mondial, les recruteurs s’attacheront en priorité, en 2022, aux 10 compétences suivantes :
- Pensée analytique et capacité d’innovation
- Techniques d’apprentissage actif
- Créativité, originalité et prise d’initiative
- Capacité à concevoir des technologies et à programmer
- Capacité d’analyse et pensée critique
- Capacité à résoudre des problèmes complexes
- Leadership et influence sociale
- Intelligence émotionnelle
- Raisonnement, capacité à résoudre des problèmes complexes
- Capacités d’analyse de systèmes et d’évaluation
Cette étude prouve la place prédominante des softs skills dans les futures attentes en termes de RH : dans ce top 10, figurent pas moins de 8 compétences comportementales !
Dans son ouvrage «les compétences du 21e Siècle », Jérémy Lamri[2] propose un regroupement différent, comme il l’explique dans une interview, dont voici un extrait :
« Le nombre et la structure des compétences du 21ème Siècle varie selon les modèles qui existent dans le monde. Mais seules 4 de ces compétences sont systématiquement considérées comme indispensables, on les appelle les 4C : Créativité, Esprit Critique, Coopération, Communication. (…) En fait, ce sont les compétences qui permettent de résoudre des problèmes complexes, pour trouver les meilleures solutions collectivement.»
Jérémy Lamri
Les soft skills sont-elles générationnelles ?
Bien que les soft skills revêtent avant tout un caractère propre à chaque individu, elles dépendent en partie du contexte historique de naissance et d’enfance.
– La génération des baby-boomers (née après-guerre) s’est construite autour de valeurs familiales et traditionnelles, qu’une partie d’entre eux a rejeté lors des événements de mai 68. Souvent idéalistes, ils sont loyaux envers leur entreprise et respectueux de la hiérarchie. Ils apprécient les relations interpersonnelles plus que la technologie.
– La génération X (née entre 1961 et 1981) a quant à elle grandi en période de crise économique et d’augmentation du chômage. Elle se distingue par son dynamisme et par un esprit concurrentiel, voire individualiste. Les X apprécient la sécurité de l’emploi et aiment apprendre et progresser.
– La génération Y, celle des milléniaux (née entre 1981 et 1995) s’est développée en même temps qu’internet. Elle est plus émancipée, plus exigeante et souvent critique vis-à-vis des employeurs. Elle est friande de nouveautés, de créativité et d’autonomie dans le travail.
– La génération Z (née après 1995) baigne dans le numérique depuis la naissance et a grandi à l’ère des réseaux sociaux. Encore en devenir, ces « digital natives » possèdent des convictions fortes notamment relatives à la protection de l’environnement. lls souhaitent contribuer à un monde meilleur. Dotés d’un esprit entrepreneurial précoce, ils se rapprochent des milléniaux dans leur quête de sens et leur soif d’expériences et de créativité.
Quelle que soit la grille d’analyse, tous les experts s’accordent quant à l’importance croissante des soft skills pour évoluer dans le monde professionnel actuel, et ce dans tous les domaines d’activité. Ce sont elles qui, à niveau de compétence technique égal, font la différence entre deux candidats, qu’il s’agisse d’une embauche ou d’une promotion.
[1] Associée Fondatrice de Iwips, imagine your World in Progress
[2] Directeur Innovation, Recherche & Prospective chez JobTeaser, fondateur du Lab RH.