Les enjeux sociétaux, sanitaires, organisationnels demandent d’apprendre à faire autrement et d’agréger les savoirs des uns et des autres. Comment mettre en œuvre le savoir être nécessaire pour répondre à ces enjeux ? Comment puiser en soi pour développer la bonne attitude ?
Les soft skills dont la créativité, l’esprit critique, la coopération ou encore la communication passent par la curiosité et l’écoute. Cependant, parfois, développer ces deux piliers ne suffit pas.
Julia Kalfon
Majiks Consulting
Parfois (le plus souvent ?), l’échange est plutôt un débat. L’autre vient nous déranger par sa pensée et rend parfois l’écoute difficile. En retour, nous répondons sans avoir vraiment écouté. Communément, dans les échanges de groupe, on cherche à défendre et faire accepter son point de vue. Savoir mieux que les autres, avoir la meilleure pensée, la plus intelligente, le dernier mot, le monopole du verbe, la réplique la plus cinglante, le bagout, le verbe facile sont autant de qualités communicatives encore recherchées.
Or la coopération, voire la coconstruction passent par la reconnaissance des capacités de l’autre, le questionnement ouvert et la remise en question de soi-même. Réussir à travailler autrement demande de développer cet autre type de posture, voire d’intelligence : l’humiligence.
Définition
L’humiligence est un terme composé des mots humilité et intelligence. Il s’agit de l’art de faire évoluer sa pensée et ses idées pour développer une pensée plus complète et atteindre une vision plus inclusive d’autres modes de pensée. C’est une posture selon laquelle on accepte, en toute humilité, de requestionner son propre point de vue au regard des apports issus des autres. L’humiligence permet d’aiguiser son sens de l’écoute, d’amplifier sa curiosité, de questionner les autres angles de vue afin de faciliter la coopération et d’améliorer ses prises de décision.
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Pourquoi parler d’Humiligence ?
L’objectif de l’humiligence est d’accepter de construire des solutions qui dépassent notre seul point de vue en essayant d’intégrer celui des autres. Plus le point de vue diverge du nôtre, plus il est difficile mais aussi intéressant de l’écouter.
Victoria Willis
Majiks Consulting
Cette aptitude permet de mieux adresser les questions complexes par le développement d’une posture ouverte de coconstruction et de créativité. Cela demande de douter de sa propre pensée et de cultiver intelligemment ce doute pour augmenter sa connaissance par les apports des autres. Ce doute intelligent signifie d’avoir conscience de soi et de ses limites. Il affirme que nous avons commencé à développer une forme de conscience de nous-même, de nos angles morts voire de nos biais cognitifs.
Cette posture amène à rechercher et à comprendre les bonnes raisons de penser autrement. Ainsi, vous pourrez identifier et combler les zones d’ombres d’une situation complexe.
Une réponse aux biais cognitifs
Que ce soit l’approche psychologique, cognitiviste, philosophique ou sociologique, économique ou plus récemment neuroscientifique, toutes nous expliquent que nous avons une vision partielle et partiale du monde qui nous entoure. Il existe plus de 180 biais cognitifs référencés. Si nous ne les avons pas tous, notre éducation, notre environnement, notre personnalité nous amènent à en développer certains. Les biais cognitifs sont des raccourcis qui nous aident (ou parfois nous freinent) dans nos multiples prises de décisions. Avec ces biais nous enregistrons ou traitons les informations avec une légère distorsion provoquée par le système de pensée que nous avons-nous même développé.
Les aptitudes que nous développons tout au long de notre vie, notre vécu, notre parcours, nos expériences, notre personnalité concourent à ce que nous ayons une vision unique. Mais la réalité est souvent plus large. L’agrégation des points de vue permet d’atteindre une vision plus globale et plus juste.
L’humiligence part du postulat que chacun détient une part de savoir. Notre vision du monde est biaisée. Nul individu ne peut avoir de vision complète de la réalité. Aussi, plus un groupe est varié, plus le partage de vision sera complet. Plus les désaccords s’expriment et plus vous pouvez complétez la compréhension de la situation. Et si on prenait le désaccord comme l’expression constructive d’autres aspects d’une situation complexe ? Et si les écouter et les intégrer permettait de développer une solution plus adaptée à la complexité inhérente ? Et si l’humiligence était finalement la posture mère des soft skills ?